Si le big data est une opportunité d’amélioration de l’expérience client, les banques françaises devront y avancer avec prudence pour ne pas commettre les erreurs des pionniers de la collecte des données. Éthique et sécurité doivent être les maîtres mots pour que les banques n’y perdent pas au change et évitent l’illégalité ou l’altération de leur réputation.
Outre-Atlantique, le scandale de Cambridge Analytica qui a secoué Facebook montre à quel point un empire qui a bâti son modèle sur l’exploitation des données de ses usagers peut être rudement fragilisé. La faille du système repose sur l’absence de contrôle, par manque de législation sur la protection des données. En Europe, pour prévenir les dérapages dans l’utilisation des données collectées et manipulées, une nouvelle législation européenne sur la protection des données dite RGPD est entrée en vigueur le 25 mai 2018. Le Règlement Général sur la Protection des Données, révise la loi Informatique et Libertés de 1978, en instaurant, entre autres, la transparence sur l’utilisation des données, la majorité numérique à 16 ans, le droit à l’oubli, la portabilité des données et surtout la mise en place d’un arsenal juridique de recours, réparations et amendes. Les amendes étaient avant de l’ordre de 150 000 euros, soit 2 minutes de chiffre d’affaires de Google, elles seront désormais dissuasives, pouvant s’élever jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires ou 20 millions d’euros.
Face aux mastodontes des GAFA, les banques françaises ont bien compris l’effet réseau qui profite à celui qui amasse, stocke et exploite le plus de données. En effet, Facebook (2,2 milliards d’utilisateurs) et Google (1,16 milliard d’utilisateurs) représentent en France chacun 34 millions d’utilisateurs actifs. Les GAFA, aspirateurs de données, excellent dans l’art du design addictif, qui attire et retient l’utilisateur dans son écosystème. Les acteurs des paiements collectent aussi les données de leurs clients, leur permettant d’ajuster leur offre de services et de capter plus de flux, tout en couvrant le risque de fraude et la lutte contre le blanchiment et le terrorisme. Pour rester dans l’arène, ces derniers misent sur l’alliance en développant des offres mobiles conjointes avec les communautés de type réseaux sociaux Facebook, twitter, ou usagers d’appli/ matériel, comme ApplePay ou SamsungPay.
La RGPD n’est pas qu’une contrainte, elle permet d’éviter des écueils et de bâtir une relation de confiance avec le client.