Il n’y a pas si longtemps, les entreprises et les particuliers disposaient de quelques moyens de paiement, peu nombreux et répondant chacun à des usages limités. Le chèque, anciennement dominant, avait pour caractéristiques essentielles de maintenir le payeur décisionnaire de l’acte de paiement et, dans le cadre des entreprises, offrait un délai de paiement et donc de la trésorerie complémentaire. Le prélèvement était l’outil privilégié des entreprises pour maîtriser la date d’encaissement et éviter les retards de paiement. Le virement était systématique pour les salaires et, dans certains cas, le paiement des fournisseurs. La carte bancaire a progressivement remplacé le chèque pour les paiements de proximité, grâce à son utilisation plus simple par rapport au chèque. Ces usages étaient sensiblement normalisés et offraient une marge restreinte pour la mise en place d’une stratégie de moyens de paiement. Pour reprendre une expression fréquente aujourd’hui, il est tentant de dire que « ça, c’était avant ».
Certes, les moyens de paiement sont presque les mêmes aujourd’hui, mais leur usage a radicalement changé, notamment grâce aux services qui leur sont maintenant associés et à l’arrivée des smartphones. Il est dorénavant possible d’associer sa carte bancaire et son smartphone (Apple Pay, Google Pay), il va bientôt être possible d’effectuer un virement immédiat dont le bénéficiaire disposera des fonds en quelques secondes, les paiements en ligne peuvent être réglés par prélèvement, etc. De nouveaux services s’appuient sur des préoccupations comme :
– le parcours client (plus ce sera simple à payer, plus j’augmenterai la satisfaction de mes clients),
– la sécurité (la fraude sur la carte via les achats en ligne conduit à trouver des alternatives à la communication des données de la carte),
– les opportunités commerciales (si j’ai une clientèle habituée à payer par smartphone, je dois proposer une solution d’encaissement de ce type, par exemple Alipay ou WechatPay), etc.
Les offres de service existantes intègrent les moyens de paiement à la stratégie commerciale. Par exemple, si je peux encaisser immédiatement les versements faits par les épargnants, je leur garantis que les fonds sont plus rapidement investis ; si je peux indemniser mes assurés dans la journée, ils pourront plus facilement faire réparer leur voiture ou faire des travaux dans leur logement ; si je propose un mode de paiement auquel mes clients sont habitués, ils viendront chez moi plutôt que chez mon concurrent, etc. De même, les services de paiement servent de garantie au paiement. Cela se retrouve dans les ventes de voitures d’occasion avec Dépopass par exemple.
Les services se multiplient et portent sur tous les usages : B2C, C2B, B2B, P2P, C2C, C2G, etc.
Les services associés aux paiements vont morceler les offres à destination des entreprises et des particuliers et les spécialiser pour répondre à des usages de plus en plus différents. Le moyen de paiement sera relégué au second plan pour privilégier le service. Il sera en revanche difficile de tous les connaître, mais, d’une part, le chargé d’affaires sera toujours présent pour conseiller son client et lui proposer les offres répondant à ses attentes et, d’autre part, l’effet buzz assurera la promotion des services les plus satisfaisants.