- Comment vous êtes-vous adapté à cette crise ? A-t-elle été anticipée au sein de BNP Paribas ?
Pour ses activités centrales, BNP Paribas Cash Management avait mis en place un jour de télétravail par semaine pour une large part de ses collaborateurs. Nous étions habitués au mode de fonctionnement du travail à distance, opérationnel depuis plus de trois ans. Dans le contexte de la crise, il a fallu étendre le nombre de jours de télétravail. Les capacités informatiques ont dû être renforcées de manière conséquente. Le challenge a été d’augmenter le nombre de collaborateurs utilisant simultanément le télétravail. En somme de passer d’environ 20 % des effectifs en télétravail à un instant « t », à l’ensemble des équipes. Les équipes informatiques ont dû dans l’urgence multiplier la bande passante pour donner accès à l’ensemble des postes nomades déjà existants.
Pour ce qui est du back-office et des centres d’affaires en revanche, le télétravail était une pratique peu répandue. Pour faire face aux contraintes de la crise sanitaire, les solutions de travail à distance ont été déployées y compris pour des fonctions opérationnelles. Cette organisation a permis de garantir la bonne continuité opérationnelle des activités avec une répartition optimisée du travail à distance et de la présence physique. Le risque sanitaire a pu être minimisé en limitant au strict minimum le nombre de collaborateurs présent dans les locaux.
Globalement, le télétravail s’est mis en place de manière fluide et rapide, tout en gardant la priorité donnée à l’écoulement des flux quotidiens d’opérations et des services de la banque.
- En collaboration avec Syrtals, BNP Paribas travaille depuis longtemps à la dématérialisation de ses services de cash management. Pensez-vous qu’il s’agit d’un secteur plus adapté au télétravail ?
La dématérialisation était, bien avant la crise, une tendance majeure. Le confinement et la généralisation du travail à distance ont accéléré encore plus cette demande, mais aussi mis en lumière de nouveaux challenges auxquels les activités de cash management doivent apporter une réponse.
Si les instructions de paiement sont depuis longtemps dématérialisées, à l’exception de quelques opérations spécifiques comme les chèques et les quelques ordres de virement encore manuels, la crise a fait ressortir le besoin d’étendre la dématérialisation à tous les autres échanges qui existent entre la banque et ses clients.
Ainsi, pendant les premiers jours du confinement s’est posée la question de la capacité de toutes les entreprises à pouvoir signer et transmettre leurs instructions.
Instructions liées aux ordres de paiements non dématérialisés d’abord. Sur ce point, force est de constater que la mise en place du télétravail et des plans de continuité d’activité a été très efficace chez nos clients, et que les flux se sont écoulés sans incident.
La deuxième inconnue résidait dans la transmission des autres instructions, notamment liées aux contrats et ouvertures de compte et des contrôles de signature à effectuer. Dans ce cas, inutile de préciser que le télétravail complique sérieusement la donne… Nous avons donc été amenés à mettre en place de manière ad hoc des processus de signature électronique et trouver les solutions au challenge sécuritaire qui en découle.
Au-delà de la gestion de l’urgence de la période de crise sanitaire, nous avons lancé les développements pour mettre en place une infrastructure plus industrielle de gestion de la signature électronique, couvrant tous nos métiers. C’est quelque chose qui était dans nos projets, mais que la crise a conduit à accélérer.
- Peut-on conclure que cette crise a joué un rôle d’accélérateur du processus de dématérialisation que vous aviez déjà entrepris ? Si oui, quelles sont les perspectives d’avenir pour le télétravail et le cash management ?
Du point de vue du cash management, la crise n’aura pas affecté la tendance actuelle qui est à la dématérialisation. Elle aura cependant enrichi notre vision et fait émerger de nouvelles demandes, auxquelles nous devrons apporter des solutions. Par exemple, il nous faut bien sécuriser les opérations par mail/PDF qui sont des procédures sensibles, aussi bien pour l’entreprise cliente que pour nous.
Au niveau du télétravail et de l’organisation de l’entreprise, cette crise nous aura permis de revoir nos PCA (plans de continuité d’activité). À l’origine, ils avaient été pensés autour de la bascule d’un site principal vers un site de secours, mais jamais en intégrant l’obligation que tous les collaborateurs travaillent depuis chez eux. L’après-crise sera donc l’occasion de repenser la fonction du bureau, lieu de travail, mais aussi lien social. Pourquoi est-il nécessaire de travailler dans un lieu commun ; que peut-on accomplir au bureau qu’il n’est pas possible de faire en télétravail ?
En tout état de cause durant toute la période pendant laquelle le virus continuera de circuler, nous poursuivrons un arbitrage prudent entre retour au bureau et protection de nos collaborateurs. À plus long terme, on peut parier que l’utilisation du travail à distance sera encore plus large.
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