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- Vous êtes Président de Market Pay, fintech du groupe Carrefour. Pouvez-vous nous présenter cette plateforme de paiement européenne, jeune et innovante ?
Market Pay est une fintech du groupe Carrefour qui a vu le jour en 2016. Elle a été conçue pour répondre aux enjeux du commerce omnicanal du groupe et traiter tous les sujets relatifs aux paiements dans quatre zones géographiques principales : la France, la Belgique, l’Espagne et l’Italie. Durant les deux dernières années, Alexandre Bompard, dans le cadre du plan Carrefour 2022, a engagé le groupe dans une transformation digitale significative, et Market Pay a eu la charge d’accompagner cette transformation au travers de la délivrance de nouveaux services de paiement. Concrètement, nous proposons des solutions pour simplifier les parcours d’achat, concevons des expériences d’achat innovantes en nous appuyant sur des technologies modernes (application mobile, apple wallet, one click…). Nous supervisons le maillage de bout en bout, de l’émission du moyen de paiement jusqu’au financement de l’achat, en passant par l’acceptation. Notre plus grande force réside dans notre appréhension de l’univers marchand dans sa globalité, puisque c’est en son sein que Market Pay trouve son origine. En résulte une offre très centrée sur l’expérience client. Par exemple, nos nouveaux services combinent options de paiement et récompense de la fidélité de nos adhérents, afin de simplifier leur expérience en magasin et de s’assurer qu’ils bénéficient bien de tous les avantages auxquels ils ont droit et ce quels que soient le format et le canal. Enfin, il me paraît important de souligner que Market Pay est une entité autonome au sein du groupe Carrefour. La fintech dispose des équipes UX, Produits, Technologie ainsi que juridique, compliance et de toutes les compétences nécessaires à son développement autonome. De ce fait, nous sommes très agiles, un avantage conséquent dans un marché au développement rapide. En 2019, Market Pay a opéré un volume de 1,3 milliard de transactions, a géré 45 000 terminaux et 5 millions de cartes. Cette volumétrie très conséquente à laquelle s’ajoute un prix très compétitif font de notre plateforme une entité solide, apte à se propager rapidement sur l’ensemble du marché.
- Selon vous, y a-t-il eu un avant et après-crise sanitaire dans le monde du paiement digitalisé ?
Absolument, je pense que la crise sanitaire a modifié de manière structurelle les habitudes de paiement des consommateurs. Pendant le confinement, un certain nombre de clients, qui pouvaient être réfractaires à la digitalisation ou tout simplement qui n’avaient pas fait l’effort de s’y intéresser, s’est retrouvé contraint de s’engager dans cette voie et à se tourner vers d’autres modes de distribution (Drive, e-commerce), pour lesquels le recours à un ordinateur ou à un smartphone est indispensable. De même, les téléphones portables sont devenus très populaires pour scanner les codes-barres et payer. Le but étant de limiter les échanges et donc de freiner les chaînes de propagation du virus. À ce titre, l’effet accélérateur de la Covid-19 est indéniable. En France, par exemple, le taux de paiement par carte dans les magasins a augmenté de 6 points pendant la période de confinement, et est toujours 4 points au-dessus de ce qu’il était en période pré-COVID. De même, dans toutes les géographies que nous gérons, nous n’observons pas de retour au niveau statistique pré-COVID en termes de taux de pénétration carte. La crise sanitaire a aussi eu un effet accélérateur sur l’innovation et la variété de notre offre. Nous avons pu augmenter le plafond du paiement sans contact de la carte pass de 50 à 100 €, développer l’utilisation de la fonctionnalité de paiement au sein de l’application mobile de Carrefour, améliorer notre capacité à traiter une volumétrie de plus en plus importante et accompagner les innovations du groupe en assurant la fonctionnalité des dispositifs de paiement (lors du lancement des boxs « Carrefour les essentiels » par exemple). Ces services, nous comptons bien continuer à les développer et à les perfectionner après que les effets de la crise sanitaire se seront estompés.
- Quelles sont les perspectives de développement pour Market Pay, et plus largement pour le secteur des services de paiement, à court et moyen terme ?
Tout d’abord, nous prévoyons un élargissement géographique. À date, nos services ne sont disponibles que dans quatre pays européens. Notre challenge est donc de les proposer à de nouveaux clients en Europe, voire de l’étendre au Brésil. Nous allons continuer à développer notre activité sur la zone euro, car les volumétries et les législations sont déjà très similaires à ce que l’on connaît et permettent une mutualisation des services. Nous prévoyons aussi un estompement progressif de la frontière entre l’univers physique et l’univers de l’e-commerce. À ce titre, nous allons pousser nos innovations à forte potentialité comme l’initiation de paiement, le paiement digital et l’authentification forte, dont la mise en œuvre est prévue au 31 décembre de cette année.