Ruée vers le nouveau service SEPA Request To Pay ?
Le service européen SRTP a été conçu pour compléter de façon efficiente la chaîne des paiements, en incluant notamment la référence de la facture dans le paiement échangé entre le Payeur et le « Payee », et la possibilité d’inclure une deuxième information dans le message RTP véhiculant la facture afin de préciser l’objet de la facture. En France, depuis la publication du premier Rulebook, en novembre 2020, les banques, les chambres de compensation et de règlement et les différents payment services providers se sont mis en ordre de marche, dès fin 2020, pour étudier l’opportunité de bâtir des offres. Échaudés par le succès mitigé du service SEPAMail Rubis lancé en 2015, rien ne filtre pour préserver les travaux en cours. Il faudra attendre les résultats des études qui sont menées pour découvrir quelles offres verront le jour au plus tôt en 2022.
Toutefois, nous pouvons dès à présent imaginer certains contours prévisibles. Il devrait émerger des solutions pour le marché B2C, qui faciliteront le règlement des factures, le paiement de proximité, et également fluidifieront les achats sur les sites d’e-commerce. D’autres cibles sont aussi investiguées, telles que le paiement P2P par mobile et les paiements de facture pour le marché B2B. L’initiation de paiement régulée par la Directive DPS2 confère un avantage certain aux solutions qui seront accessibles depuis une appli mobile. Le paiement s’effectuera par virement ou par paiement instantané, combiné avec les facilités de paiement telles que les paiements partiels, fractionnés et récurrents, bien adaptés aux besoins de la clientèle payeur, devenue plus exigeante sur la flexibilité des modalités de règlement. Cela répond aussi parfaitement aux besoins des facturiers, assureurs, bailleurs, mutuelles, fournisseurs de services qui cherchent à répondre principalement à trois enjeux. Le premier concerne la fluidification du recouvrement des paiements auprès de leur clientèle Particulier ou Professionnelle. Le deuxième est la réduction des litiges. En particulier, le RTP reste une excellente alternative au mandat de prélèvement, leur garantissant le paiement dès le règlement réalisé. Enfin, la flexibilité inhérente au service RTP, avec notamment les facilités de paiement, elle leur permettra de réduire significativement les coûts de traitement de réconciliation des factures. Ces réductions intéressantes de coût sont estimées dans un rapport d’Accenture, approximativement entre 23 et 46 centimes par transaction.
En revanche, on peut regretter que le schéma RTP n’ait pas prévu le règlement par carte bancaire pour le marché e-commerce. La carte reste le mode de règlement privilégié à plus de 80 % sur ce segment, alors que le virement représente moins de 1 %. Rien qu’en France, le marché du e-commerce a représenté 112 milliards d’euros et 1,8 milliard de transactions en 2020 et plus de 13,4 % du commerce de détail, d’après les derniers chiffres de la Fevad publiés le 4 février 2021. C’est un marché à ne pas négliger et à conquérir, particulièrement en temps de pandémie avec une progression de plus de 32 % pour les achats de produits. Les travaux sur l’initiative européenne EPI viendront-ils ouvrir cette possibilité ?
En attendant la ruée ou non vers le nouveau service SEPA Request To Pay, quel marché sera ciblé prioritairement en 2022 ? Les acteurs des paiements, et plus particulièrement les facturiers, devront bien se lancer pour saisir un ou plusieurs marchés. Et comme le souligne si justement le poète allemand Novalis : « Il en va des théories comme de la pêche : seul celui qui lance risque d’attraper quelque chose ! »