PAIEMENTS ET SERVICES
Comment l’écosystème des paiements peut-il mener sa transition écologique ?
« Le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous », disait Aristote. Aujourd’hui, force est de constater que l’écosystème des paiements s’appuie sur les nouvelles technologies voraces en énergie et en minerais, qui contribuent en partie aux risques environnementaux. Il est essentiel d’améliorer le système, en travaillant sur tous les axes pouvant réduire son empreinte carbone tout en préservant la croissance et le progrès. Quelles voies possibles pour l’écosystème des paiements ?
Les paiements sont un maillon essentiel à la vie économique et sociale. Les agents économiques des paiements mènent des travaux visant à être plus « green » et durables, notamment en s’appuyant sur un panel de pistes d’amélioration, entre autres : optimisation de la gestion des ressources en privilégiant le partage, économie circulaire, location des matériels plutôt que l’achat, réglementations européennes et internationales en vue de promouvoir des instruments de paiements digitalisés et interopérables, digitalisation de bout en bout de la chaîne des paiements, KYC et pilotage des paramètres en selfcare, facture et signature électroniques, communication bancaire et sécurisée des fichiers de paiement de masse, lutte contre l’obsolescence, matériaux et encre plus écologiques et durables pour les chèques et billets, cartes bancaires en plastique recyclé ou en bois, date de validité de la carte prolongée, fin du ticket papier, maintenance des TPE, promotion de technologies moins énergivores pour les cryptomonnaies, mutualisation des services via l’open paiement ou pour les retraits…
L’écosystème des paiements recherche bien à réduire son empreinte carbone en promouvant la durabilité des produits, et surtout en innovant. La décroissance, prônée par certains, aurait très probablement des effets délétères sur les paiements, car les revenus collectés par les transactions sont réinvestis en partie pour innover et sécuriser ces paiements. De plus, la décroissance aurait fatalement un impact sur les revenus et donc sur la possibilité d’innover et de gérer les risques. Gérer les risques, c’est aussi contribuer à réduire les émissions en limitant l’emprise des mafias qui vivent de gains frauduleux, non attentives à l’écologie.
Il existe donc des alternatives à la décroissance en étant plus responsable, en ciblant mieux ses achats, plutôt que systématiquement les réduire en luttant contre le gaspillage et en privilégiant la seconde main et l’innovation. Les paiements conduiront leur transition écologique en adaptant ces pistes écoresponsables, principalement par l’innovation. Les Mongols à l’ère de Genghis Khan n’ont-ils pas inventé un outil multidevise au 12e siècle, le billet papier, qui leur a permis d’échanger et de payer avec les devises locales lors de leur conquête du continent ? Le billet papier a été repris par l’Occident bien plus tard au 19e siècle, alors que les Mongols l’utilisaient déjà, pour leur éviter à produire et transporter des pièces lourdes en métal. Comme le soulignait justement l’économiste Alfred Sauvy, « L’humanité est vouée au progrès à perpétuité », et donc à une certaine croissance. Cette règle s’applique également à l’écosystème des paiements qui s’est toujours nourri des échecs, des avancées d’autres civilisations et de découvertes fortuites. Il réduira également son empreinte écologique en s’armant d’un nouveau système d’évaluation et en repensant ses ambitions. Et ainsi faciliter une économie régénératrice, plus engagée, qui préserve et régénère l’environnement et le bien humain.