INTERVIEW

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Philippe MUTIN

Directeur Général de Factofrance et Crédit Mutuel Factoring
Le marché de l’affacturage, déjà porteur, bénéficie de la digitalisation croissante actuelle. Philippe Mutin, Directeur Général de Factofrance et de Crédit Mutuel Factoring, leader français de l’affacturage, décrypte les enjeux des financements des entreprises, notamment face aux défis économiques actuels.

Présentez-nous l’activité de Factofrance et Crédit Mutuel Factoring que vous dirigez ?

Leader de l’affacturage en France représentant 24 % de parts de marché environ, Crédit Mutuel Factoring et Factofrance constituent la filière affacturage du groupe Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Les deux entités se développent à la même vitesse depuis leur rapprochement en 2016. Créé en 1966, Factofrance, connu pour sa capacité d’innovation et longtemps leader sur le marché, est l’un des pionniers de l’affacturage en France. L’offre de Crédit Mutuel Factoring, complémentaire, propose des solutions d’affacturage aux clients du groupe Crédit Mutuel Alliance Fédérale (le Crédit industriel et commercial (CIC), la Banque européenne du Crédit Mutuel (BECM), et les Fédérations du Crédit Mutuel). 
Ensemble, Factofrance et Crédit Mutuel Factoring représentent 106 milliards d’euros de créances achetées en 2024 et réunissent près de 900 collaborateurs. Pour la première fois cette année, nous dépassons un encours financé moyen de 10 milliards d’euros. Chaque jour, nos équipes injectent pratiquement 300 millions d’euros de financement dans l’économie française et européenne. L’affacturage est la première source d’apport de trésorerie aux entreprises, à égalité avec le découvert. 
Nos clients sont des grands groupes français, européens et mondiaux, des ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) des PME et enfin des TPE à qui nous proposons des solutions très digitales. Nous achetons uniquement des créances en B2B (uniquement des acheteurs professionnels), et ce dans tous les secteurs d’activité. Pour les grands groupes et les ETI, nous travaillons les programmes d’affacturage structurés en leur apportant du cash par le rachat de leurs créances, sans créer d’endettement, que ce soit en normes comptables françaises, internationales (IFRS) ou américaines (US GAAP). Nous sommes donc un intervenant majeur du financement à court terme des entreprises françaises et européennes.

Quels sont les principaux enjeux auxquels vous faites face dans le financement des entreprises ?

Notre principal enjeu est structurel : développer nos parts de marché sur tous les segments et répondre présents pour aider les entreprises dans les moments clés de leur vie. Il y a deux périodes durant lesquelles l’affacturage est absolument fondamental. Les périodes de croissance lorsque les entreprises voient leurs Besoins en Fonds de Roulement augmenter. Les périodes de crise durant lesquelles nous continuons à financer les clients même lorsqu’ils sont en difficulté. Nous sécurisons ainsi le financement d’exploitation des entreprises en leur évitant de faire un effort de trésorerie : nous leur permettons d’être réglées immédiatement, sans attendre les 60 jours, ou plus, de délai de règlement accordé à leurs clients. 
Le second enjeu est de répondre aux besoins des entreprises, quelles que soient leurs tailles. Nous accompagnons les entreprises de taille intermédiaires (ETI) et les grands comptes dans leur développement international, en finançant leurs postes clients France et Export, mais aussi en mettant en place des programmes avec leurs filiales à l’étranger. Ces programmes permettent aux directions financières d’avoir une gestion centralisée du financement. Enfin, pour les entreprises de petite taille, nous simplifions nos offres grâce à la digitalisation, afin que ce soit plus facile pour elles d’y adhérer.

Les besoins des entreprises et le secteur bancaire évoluent très rapidement. Quelles sont les innovations que vous apportez pour répondre à ces nouvelles attentes ?

Le virage à prendre par les factors aujourd’hui est lié à l’obligation pour les entreprises de mettre en place la facture électronique. La réforme gouvernementale de la facture électronique entre en vigueur en septembre 2026 pour les grandes entreprises et les ETI et en septembre 2027 pour le reste des entreprises. Nous sommes relativement proches de l’échéance. Le dispositif pourrait être harmonisé au niveau européen d’ici 2030, avec un projet de réglementation européenne.
Dans ce contexte, comment adapter progressivement nos processus afin de simplifier encore les échanges avec nos clients ? Des plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) auront la charge vis-à-vis de l’État de recevoir les factures et d’en faire des originaux fiscaux. Notre premier enjeu est d’entrer en interopérabilité avec les PDP et ainsi d’alléger la charge administrative de nos clients (moins de justificatifs leur seront demandés). Le second enjeu est de s’adapter aux évolutions qui sont permises par la réglementation DSP2 (authentification forte) sur les modes de paiement, de façon, là encore, toujours à fluidifier, simplifier les opérations pour tous nos clients, qu’ils soient petits ou grands. 
Avec la facture électronique, la digitalisation et la simplification permettront de franchir un nouveau cap pour sécuriser l’économie française.

Factofrance et Crédit Mutuel Factoring resteront présents au cœur de l’économie réelle pour accompagner le développement des entreprises implantées en France et à l’International.