slider accueil syrtals groupe
Newsletter N° 45 - mars 2025

   Editorial

Laurent-Rouillac-0633

Laurent ROUILLAC

PDG Syrtals SI

Vers un système de facturation et de paiement fluide et sans rupture ?

Depuis plus de deux décennies, Syrtals accompagne la transformation des paiements et de la gestion du cash. Une nouvelle étape est désormais franchie : celle d’un écosystème fluide, sécurisé et intégré, de la facturation jusqu’au règlement. Les avancées technologiques ont joué un rôle clé : paiements en temps réel, initiation de paiements, digitalisation des factures, automatisation et contrôle des transactions “just in time”, ainsi que l’essor des nouveaux usages de paiement comme le portefeuille européen Wero.

Cette mutation ne s’est pas faite en un jour. Elle repose sur des bases solides de compréhension des cas d’usages les plus anciens comme les paiements à échéance et leur financements (LCR), aux plus récents, paiements sur mobiles, cryptos monnaies en passant par les infrastructures télématiques qui ont préparé le terrain aux standards actuels. Aujourd’hui, cette maturité technologique, associée à une réglementation européenne structurante (eIDAS, DSP2 et DSP3), façonne un marché unifié et robuste. Loin d’être un simple empilement de solutions, l’écosystème des paiements s’impose comme un environnement optimisé, conçu pour répondre aux exigences des entreprises et des consommateurs.

Grâce à cette normalisation, le marché européen atteint une masse critique, favorisant des investissements dans des solutions immédiatement interopérables et adaptées aux nouveaux usages. Chaque acteur – commerçants, entreprises, consommateurs – bénéficie ainsi d’un accès simplifié et flexible aux paiements, qu’ils soient immédiats ou programmés.
Une nouvelle ère des paiements est en marche. Syrtals, en capitalisant sur son expertise et son rôle d’accompagnement, renforce son rôle d’acteur clé de cette transformation.

Webinar Syrtals Cards le 2 avril 2025 à 11h – La saga des néo-banques continue !

Après plus de 10 années d’effervescence ininterrompue qui ont révélé autant de consécrations que de déconvenues, l’heure de la consolidation serait-elle venue ?

Angelo CACI, Directeur général de Syrtals Cards et auteur de l’étude « Vous avez dit Néo Banques ? – Saison 8 » organise un webinar le 2 avril prochain à 11h00, qui explorera les tendances actuelles et les défis à venir, à travers les retours d’expérience et analyses de 5 dirigeants/es d’acteurs emblématiques : Maeva COURTOIS (HELIOS), Marie DEGRAND-GUILLAUD (NICKEL), Jérémie ROSSELLI (N26), Cyril CHICHE (SUMERIA), Carole DANANCHER (VIVID MONEY).

Inscriptions et renseignements complémentaires en cliquant ici http://bit.ly/3Djzv5q

RUBRIQUE PAIEMENTS

Bruno-Claret-1009

Bruno CLARET

eIDAS 2.0 : quels sont les changements ?

Depuis mai 2024, une nouvelle version du règlement européen eIDAS est entrée en vigueur.
Ce texte comprend une obligation pour les États membres de l’Union européenne de délivrer des Portefeuilles Européens d’Identité Numérique (PEIN). Ce dispositif permet aux citoyens de s’identifier et s’authentifier électroniquement avec un niveau de garantie élevé.
Selon l’article 3.42 du règlement eIDAS 2,0, le PEIN est « un moyen d’identification électronique qui permet à l’utilisateur de stocker, de gérer et de valider en toute sécurité des données d’identification personnelle et des attestations électroniques d’attributs afin de les fournir aux parties utilisatrices et aux autres utilisateurs des portefeuilles européens d’identité numérique, et de signer au moyen de signatures électroniques qualifiées ou d’apposer des
cachets au moyen de cachets électroniques qualifiés. »
Ce nouveau règlement poursuit un objectif d’harmonisation croissante des services de confiance au sein de l’Union européenne. Il présente de nouveaux défis pour les entités publiques et privées qui devront travailler de concert pour en garantir le succès.

Cette nouvelle version vise à améliorer la sécurité des dispositifs de signatures électroniques à distance, les services d’archivages, la traçabilité de la preuve tout en conservant les services de confiance déjà existants (délivrance de certificat, envoi en recommandé, horodatage, certificat de signature…).
Le PEIN garantit ainsi la disponibilité, la confidentialité et l’intégrité (sécurité) des données par des attestations électroniques. Le PEIN servira aux particuliers pour l’utilisation des services publics (Impôts, Sécurité sociale…), pour les banques (ouvrir un compte, vérifier les paiements…), voire même jusqu’à des services privés, par exemple pour une inscription à l’université, louer une voiture, s’enregistrer dans un hôtel lors des voyages…

Après le KYC (Know Tour Customer) désormais pratique courante, un service de KYB (Know Your Business) sera la prochaine avancée : il devient impératif pour les besoins des professionnels de vérifier l’identité d’une personne morale, un processus complexe. Les structures des entreprises impliquent en effet souvent des organisations juridiquement différentes (maison mère, filiale, établissement…), un personnel en constante évolution, des opérations nationales et internationales… Cette complexité est amplifiée par des normes variables d’un pays à l’autre. Pour tenir compte de ces réalités, seul un processus de connaissance/vérification des données d’identité reposant sur un contrôle continu pourra en garantir l’exactitude.

Retrouvez tous les détails dans le guide eIDAS 2.0 réalisé par la Fédération des tiers de confiance du numérique (FnTC) : https://fntc-numerique.com/wp- content/uploads/2024/10/Comprendre-le-reglement-eIDAS-vol3.pdf

Dans les travaux à venir au sein de la FTNC pour fin mars 2025 : un dossier sur Enjeux et bonnes pratiques du KYB.

  RUBRIQUE SYRTALS MARKETS

Photo-NIDHAL-JAADARI-

Nidhal JAADARI

Gestion des risques de marché : l’autonomie des filiales désormais exigée par la BCE

Les filiales des établissements bancaires doivent désormais gérer de manière autonome les risques du marché. Passage en revue des adaptations nécessaires et des stratégies à leur disposition pour se conformer à ces nouvelles attentes.

Depuis 2018, la BCE ne cesse de durcir ses exigences en matière de gestion des risques à travers plusieurs guidelines et lettres de supervision adressées aux établissements bancaires. Plus récemment, ces exigences ont été intégrées dans le cadre du Supervisory Review and Evaluation Process (SREP) et figurent désormais parmi les Supervisory Priorities 2025-2027. Ces priorités mettent particulièrement l’accent sur la robustesse des contrôles internes, la gouvernance locale et l’autonomie des fonctions de gestion des risques. L’objectif poursuivi par la BCE est clair : renforcer la stabilité financière en Europe en veillant à ce que les filiales de groupes non européens gèrent de manière autonome les risques inhérents à leurs activités de marché.

La principale pratique visée par cette évolution réglementaire est le recours au back-to-back avec la maison mère. Cette technique consistait, pour les filiales locales, à retransférer l’intégralité ou une partie de leurs positions de marché à leur maison mère. Ainsi, c’était cette dernière qui assumait la gestion du risque de marché, tandis que les positions finales de la filiale restaient nulles ou marginales.
Désormais, cette pratique est explicitement découragée par la BCE. Les filiales doivent gérer localement leur propre risque de marché, sans transfert automatique vers la maison mère. En conséquence, les filiales deviennent pleinement responsables de la définition et du suivi de leurs limites de marché (par produit, devise, maturité…). Elles doivent mettre en place une politique de gestion du risque de marché, incluant des limites de Value at Risk (VaR), ainsi que des stress tests adaptés à leur profil d’activité.
Si cette évolution renforce l’autonomie locale des filiales, elle leur fait aussi perdre une source importante de mutualisation des risques avec la maison mère, qui pouvait autrefois lisser les expositions au niveau global.

Une couverture des risques nécessaire

Cette autonomie accrue a un impact direct sur les exigences en fonds propres. Les régulateurs locaux (ACPR, BCE, etc.) demandent désormais aux filiales une allocation de capital plus stricte, proportionnelle aux risques de marché qu’elles portent directement.
Sans back-to-back, les filiales perdent également la possibilité de compenser certaines positions avec celles de la maison mère ou d’autres entités du groupe. Chaque position ouverte localement doit être couverte ou gérée de façon autonome, ce qui peut entraîner une plus grande volatilité des résultats financiers.
Les filiales doivent donc se tourner directement vers le marché pour se couvrir, en traitant avec des contreparties externes (banques locales, plateformes de marché, etc.).
Ce qui entraîne un coût de couverture plus élevé et une exposition accrue au risque de contrepartie, auparavant limité grâce aux relations intra-groupe.

Vers une gouvernance renforcée

Les régulateurs européens attendent désormais des filiales qu’elles démontrent une gouvernance locale robuste en matière de gestion du risque de marché. Cela se traduit par un reporting renforcé et adapté aux exigences locales ; des processus de contrôle interne plus stricts ; une meilleure traçabilité des décisions de trading, avec une implication forte des organes de gouvernance locaux.

Privées du filet de sécurité offert par la maison mère, de nombreuses filiales adaptent ainsi leur stratégie. Elles tendent à réduire leurs positions ouvertes, limiter leur exposition globale au risque de marché et se recentrent sur des activités de marché plus simples ou à moindre risque.
Il est évident que ce recentrage peut entraîner une baisse de la contribution des salles de marché locales aux résultats globaux du groupe. Il pose ainsi la question de la compétitivité des filiales non européennes face à leurs concurrentes locales qui peuvent parfois bénéficier d’une plus grande flexibilité.

La volonté de la BCE de renforcer l’autonomie locale en matière de gestion du risque de marché constitue un changement de paradigme pour les filiales de groupes bancaires non européens. Ce cadre plus strict, s’il vise à préserver la stabilité financière européenne, oblige les établissements concernés à repenser en profondeur leurs processus de gestion des risques, leur modèle de couverture et leur allocation de capital. Il en résulte une adaptation stratégique qui, à terme, pourrait réduire l’empreinte des salles de marché de filiales non européennes en Europe.

SYRTALS 4 VALUES

Steve-Bousabata-BD-1083

Steve BOUSABATA

La data et l’intelligence artificielle : une révolution pour les services financiers

L’industrie des services financiers connaît une transformation majeure sous l’effet des avancées en intelligence artificielle (IA) et en exploitation des données (data). Ces technologies révolutionnent les pratiques bancaires, assurantielles et boursières en améliorant la gestion des risques, l’expérience client et l’efficacité opérationnelle. Toutefois, leur adoption soulève également des défis majeurs, notamment en matière d’éthique, de cybersécurité et de conformité réglementaire.

Quels sont les enjeux ?

L’IA permet d’offrir des services plus personnalisés et réactifs grâce à l’analyse des comportements des clients. Les banques et assurances utilisent des chatbots, des recommandations intelligentes et des assistants virtuels pour interagir avec leurs clients. L’hyper-personnalisation des offres améliore la satisfaction et la fidélisation et permet l’optimisation de l’expérience client. Par exemple, le Chatbot IA Erica de Bank Of America a dépassé 1,5 milliard d’interactions avec les clients de l’établissement bancaire.
Grâce aux algorithmes d’apprentissage automatique, les institutions financières peuvent analyser en temps réel les tendances du marché et les comportements des clients afin d’évaluer plus précisément les risques de crédit, de fraude et de blanchiment d’argent. L’IA contribue ainsi à l’amélioration de la gestion des risques et une prise de décision plus rapide et plus efficace.

Les technologies IA permettent également l’automatisation des process et des tâches répétitives telles que la validation des transactions, la conformité réglementaire et la détection des anomalies. Cela se traduit par une amélioration de la productivité et une réduction des coûts opérationnels.

Les hedge funds et banques d’investissement exploitent les modèles de machine learning pour l’analyse prédictive d’énormes volumes de données de marché et exécuter des transactions de manière automatisée. Le trading algorithmique permet d’identifier des opportunités en quelques millisecondes, offrant un avantage concurrentiel majeur.
L’IA permet aussi de développer de nouveaux produits financiers innovants , tels que les prêts basés sur l’analyse des données alternatives et les solutions de paiement intelligentes. Cela permet aux banques de se différencier sur le marché très saturé et concurrentiel.
Paradoxalement, l’IA peut aussi jouer un rôle clé dans la réduction de l’empreinte écologique du secteur financier. En analysant de vastes ensembles de données, elle aide à identifier des opportunités d’investissement durable et à évaluer l’impact environnemental des portefeuilles financiers.
Enfin, les avancées en IA permettent d’optimiser la gestion énergétique des data centers. Des algorithmes d’apprentissage automatique peuvent ajuster dynamiquement la consommation électrique et améliorer le refroidissement des infrastructures, réduisant ainsi leur impact environnemental.

Quels sont les risques ?

Les algorithmes d’IA sont entraînés sur des données historiques, qui peuvent contenir des biais. Cela peut entraîner des discriminations dans l’octroi de crédits ou la tarification des assurances, posant des enjeux éthiques et légaux.
Par ailleurs, avec l’augmentation des volumes de données traitées, la sécurité et la protection des données sont cruciales. Les institutions financières deviennent des cibles de choix pour les cybercriminels. Les risques incluent le vol de données personnelles, les attaques par ransomwares et la manipulation des algorithmes d’IA à des fins frauduleuses.
Les régulateurs imposent des normes strictes en matière de protection des données (RGPD en Europe par exemple). Les entreprises doivent s’assurer que leurs solutions d’IA respectent ces réglementations, ce qui peut limiter leur adoption et augmenter les coûts de mise en conformité.
Enfin, l’utilisation massive d’algorithmes en trading algorithmique peut entraîner des comportements de marché imprévisibles et amplifier la volatilité. De plus, une trop forte dépendance aux modèles IA pourrait entraîner des risques en cas de dysfonctionnement des algorithmes.

Quels sont les défis ?

L’intégration de la data et de l’intelligence artificielle dans les services financiers ouvre des perspectives exceptionnelles en matière d’efficacité, d’innovation et de gestion des risques.
L’intelligence artificielle dans les services financiers présente également un double enjeu environnemental : elle contribue à l’empreinte carbone et à l’obsolescence matérielle, tout en offrant des solutions pour une finance plus verte. Il est donc essentiel pour les acteurs du secteur d’adopter des stratégies durables, telles que l’utilisation d’énergies renouvelables pour les data centers, l’optimisation des infrastructures et le développement d’algorithmes plus efficients. Une IA responsable est un levier clé pour concilier innovation financière et respect de l’environnement.

Cependant, les institutions doivent relever des défis majeurs liés à la sécurité, à l’éthique et à la réglementation. Une approche équilibrée entre exploitation des opportunités technologiques et gestion des risques est essentielle pour garantir une transformation digitale maîtrisée et durable du secteur financier.

RUBRIQUE CASH MANAGEMENT

joseT

José TEIXERA

Restaurer la confiance financière : gestion de trésorerie, transparence et contrôle des risques

Un environnement incertain aux multiples défis
Dans un contexte marqué par la remontée des taux d’intérêt, les tensions sur le crédit, la volatilité des marchés et une instabilité géopolitique croissante, la confiance financière des entreprises repose plus que jamais sur une gestion optimisée de la trésorerie, une transparence accrue et un contrôle rigoureux des risques.
Entre tensions géopolitiques, guerres commerciales, sanctions économiques et fluctuations des devises, les entreprises internationales doivent s’adapter à une volatilité accrue qui impacte non seulement leurs flux financiers, mais aussi leur compétitivité et leur rentabilité à l’échelle mondiale. À cela s’ajoutent les nouvelles exigences réglementaires (DSP3, IFRS) et la digitalisation accélérée des flux financiers, qui imposent des ajustements stratégiques constants.

Renforcer la solidité financière et piloter la trésorerie

La confiance financière passe avant tout par une maîtrise des flux de trésorerie. Plutôt que de dépendre uniquement de financements externes, les entreprises doivent :

  • optimiser leur besoin en fonds de roulement (BFR) pour libérer de la liquidité en interne et mieux anticiper les tensions financières ;
  • accélérer le recouvrement des créances (réduction du DSO) et sécuriser les encaissements ;
  • centraliser leur trésorerie, notamment pour les groupes, afin d’améliorer le contrôle et l’allocation des ressources ;
  • utiliser des solutions de financement complémentaires (affacturage, titrisation) de manière stratégique, sans négliger les alternatives plus flexibles comme les lignes de crédit, les obligations d’entreprise, le financement participatif ou encore les solutions de private equity ;
  • explorer les financements durables, tels que les prêts indexés sur des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) qui attirent de plus en plus d’investisseurs et partenaires financiers soucieux de la responsabilité sociétale des entreprises ;
  • optimiser la gestion des excédents de trésorerie en mettant en place des stratégies de placement adaptées : dépôts à terme, comptes rémunérés, fonds monétaires, obligations d’entreprises de qualité ou encore investissements en actifs liquides. Une allocation stratégique de ces excédents permet d’améliorer la rentabilité de la trésorerie tout en maintenant un niveau optimal de liquidités pour répondre aux besoins opérationnels.

La sécurisation du financement ne suffit pas sans une gestion rigoureuse du cash. L’enjeu ? Anticiper les besoins de liquidités, suivre chaque transaction et intégrer des solutions digitales avancées pour une vision plus temps réel des flux et une meilleure prédiction.
La digitalisation des processus permet aujourd’hui aux entreprises de passer d’une gestion réactive à une gestion prédictive, grâce à des modèles d’analyse avancés et à l’automatisation des tâches administratives.

Un contrôle des risques renforcé

Avec des régulations plus strictes, la transparence financière devient un facteur clé de confiance pour les investisseurs et partenaires financiers. Intégrer des outils de reporting précis et automatisés permet d’améliorer le contrôle et d’aligner la gestion des risques avec la stratégie de l’entreprise. Chaque type de risque nécessite une maîtrise :

    • du risque de change : la volatilité impose une couverture dynamique des fluctuations monétaires via des contrats à terme, options de change ou swaps, pour protéger la rentabilité et la compétitivité à l’international ;
    • du risque de liquidité et de contrepartie : la mise en place de stress tests de trésorerie et de modèles prédictifs permet d’anticiper les tensions de financement ;
    • de la fraude et de la cybersécurité : les menaces cyber (attaques sur les paiements, ransomwares, usurpation d’identité) sont en forte progression. Sécuriser les transactions passe par l’authentification forte (DSP3), des protocoles anti-fraude renforcés et une surveillance en temps réel des flux.

Les changements réglementaires et juridiques opérés dans le domaine doivent être perçus comme des leviers pour mieux rebondir et gagner en efficacité. En ce sens, il est essentiel de promouvoir les évolutions numériques et les solutions disponibles en faveur de la croissance et de la performance des activités, notamment commerciales.

Une stratégie globale pour restaurer la confiance financière

Pour restaurer et renforcer la confiance, les entreprises doivent :

    • Optimiser leur trésorerie et leur BFR avant de recourir au financement externe
    • Garantir une transparence totale de leurs états financiers et prévisions de trésorerie
    • Déployer des outils de gestion avancés pour un pilotage précis des flux financiers
    • Mettre en place un contrôle des risques dynamique et préventif, incluant la gestion du risque de change et la cybersécurité
    • Explorer des solutions de financement adaptées à la conjoncture actuelle, y compris des financements innovants et durables
    • Maximiser la rentabilité des excédents de trésorerie en mettant en œuvre des stratégies de placement adaptées au profil de risque et aux objectifs financiers de l’entreprise.

Seule une maîtrise rigoureuse du cash management, de la cybersécurité et des risques assurera une résilience durable face aux incertitudes économiques et géopolitiques.

RUBRIQUE CASH MANAGEMENT

FadhelElElmi-scaled

Fadhel El Elmi

Lutte contre le blanchiment de capitaux et lutte contre la fraude : deux dispositifs distincts, mais synergiques

Lutter contre la fraude et le blanchiment des capitaux est, de nos jours, un des sujets centraux des discussions des gouvernements des entreprises financières.
Avec la révolution mobile des années 2000, et particulièrement le lancement des premiers smartphones en 2007, les techniques de blanchiment et de fraude se sont fortement développées. Elles continuent de se développer avec l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Face à cette augmentation, les entités de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement de terrorisme (LCB-FT) et de lutte contre la fraude (LCLF) ont pris une importance cruciale dans la gouvernance des établissements financiers soucieux de protéger leurs actifs et leurs business.

Le blanchiment comme conséquence de la fraude

Selon le COSO , une fraude est tout acte intentionnel ou toute omission intentionnelle ayant pour but de tromper autrui, et qui entraîne une perte pour la victime et/ou un avantage pour l’auteur de l’acte.
La Banque de France définit la fraude comme l’utilisation illégitime d’un moyen de paiement ou des données qui lui sont attachées, ainsi que tout acte concourant à la préparation ou à la réalisation d’une telle utilisation.
Selon le Conseil de l’Union européenne (UE), le blanchiment de capitaux correspond au processus au moyen duquel les criminels dissimulent l’origine illicite de leurs avoirs. Ils utilisent des systèmes financiers souterrains pour traiter les transactions et les paiements à l’abri des mécanismes de surveillance.
La 6AMLD (Directive UE 2018/1673) a introduit, dans son article 2, une liste de 22 infractions comme sources potentielles de fonds illicites. La fraude fait partie de cette liste.
Du fait de leur définition respective, la fraude et le blanchiment sont deux infractions à la fois différentes et complémentaires.
Ainsi, les capitaux blanchis peuvent avoir comme origine une fraude telle que : la fraude fiscale, la cybercriminalité, la fraude aux marchés financiers, l’usurpation d’identité, la fraude aux subventions publiques …
Il faut savoir que la fraude représente de nos jours une part importante des sources de blanchiment de capitaux. En effet, le NASDAQ VERAFIN a estimé, dans son rapport mondial sur la criminalité financière 2024, à 3,1 trillions de dollars d’opérations de blanchiment dans le système financier mondial dont 485,6 milliards de dollars provenant d’activités de fraude.

Une surveillance basée sur une synergie

Une lutte efficace contre la fraude et le blanchiment passe d’abord par une bonne gouvernance des établissements financiers.
La création d’entités distinctes pour la LCB-FT et la LCLF au niveau de l’organigramme dépend de leur taille. Dans tous les cas, les dispositifs pour l’identification, l’analyse, l’évaluation, le traitement et le monitoring des risques doivent être déployés d’une manière distincte tant les risques découlant de ces deux thématiques diffèrent.
La formalisation de procédures opérationnelles permet non seulement d’être en conformité avec les exigences réglementaires, mais aussi de structurer de façon efficace et transparente les processus déployés en interne. Des procédures distinctes sont fortement recommandées, mais doivent permettre une collaboration et un échange direct et permanent entre les deux entités.
L’utilisation d’outils permettant d’automatiser la surveillance des risques de blanchiment et de fraude peut être indispensable tenant compte de la taille de l’entreprise et des volumes des flux pour alerter à temps les dirigeants effectifs. Ces solutions qui contiennent des scénarios de déclenchement (triggers) d’alertes peuvent être développées en interne ou sous-traitées auprès de RegTech (Regulatory Technology) spécialisés. Cependant, des examens complémentaires doivent être forcément réalisés par les analystes blanchiment et les analystes fraude pour statuer sur les alertes. C’est à ce niveau, entre autres, que la synergie des deux dispositifs devient essentielle. La participation des membres des deux entités pour brainstormer sur les triggers n’en sera que bénéfique.
Enfin, il va de soi qu’un dispositif ne saura être efficace et performant sans la mise en place de canaux de communication et de reporting (tels que des boîtes mails dédiées aux alertes, des comités réguliers où devraient participer les entités LCBFT et LCLF, des rapports périodiques…). Une information n’est dite pertinente que si elle permet la prise de décision à temps.

Une sécurisation renforcée avec la réglementation européenne

Face à l’exposition continue au risque de fraude et dans le souci de préserver la confiance dans les moyens de paiement, la Commission européenne a décidé d’amender la DSP2/EME2 par la Nouvelle directive sur les services de paiement (DSP3) et de promulguer le Règlement sur les services de paiement (RSP) afin de renforcer la lutte contre la fraude. Ces nouveaux textes devraient entrer en vigueur en 2026.
Si certaines mesures sont calquées sur les textes de la LCB-FT, d’autres sont plutôt innovantes. Ces obligations sont les suivantes :

  • la mise en place d’une coopération entre les États membres de l’UE, d’une part, et entre les établissements intervenant sur le processus de paiement (tels que les banques, les établissements de paiement, les prestataires de services de communications électroniques…), d’autre part ;
  • la vérification des bénéficiaires des paiements (VoP) déjà introduite par le règlement 2024/886 sur l’Instant Paiement et qui couvre maintenant les virements classiques avec le RSP ;
  • Le renforcement de l’authentification forte et l’élargissement de son accessibilité aux publics vulnérables (personnes handicapées, âgées ou sans accès numérique) ;
  • le renforcement de la protection contre les usurpations d’identités (spoofing) ;
  • le contrôle des opérations de paiements selon des facteurs de risque propres à la fraude ;
  • la sensibilisation régulière des employés des établissements financiers, mais aussi de leurs clients sur les risques de fraude.

La conformité aux réglementations ne doit pas être perçue comme une contrainte ni comme un frein à l’innovation, mais plutôt comme un levier essentiel pour assurer une offre de service fiable et sécurisée. Elle garantit la qualité tout en renforçant la confiance et la sérénité des utilisateurs. Au-delà d’une simple obligation, elle constitue un atout majeur pour la pérennité des établissements et de l’écosystème financier.

1. COSO – FRAUD RISK MANAGEMENT GUIDE – March 2023, page 8
2. Qu’est-ce que le blanchiment de capitaux – Consilium
3. Nasdaq Verafin 2024 Global Financial Crime Report | Nasdaq

 INTERVIEW

MutinPhilippe-scaled

Philippe MUTIN

Directeur Général de Factofrance et Crédit Mutuel Factoring
Le marché de l’affacturage, déjà porteur, bénéficie de la digitalisation croissante actuelle. Philippe Mutin, Directeur Général de Factofrance et de Crédit Mutuel Factoring, leader français de l’affacturage, décrypte les enjeux des financements des entreprises, notamment face aux défis économiques actuels.

Présentez-nous l’activité de Factofrance et Crédit Mutuel Factoring que vous dirigez ?

Leader de l’affacturage en France représentant 24 % de parts de marché environ, Crédit Mutuel Factoring et Factofrance constituent la filière affacturage du groupe Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Les deux entités se développent à la même vitesse depuis leur rapprochement en 2016. Créé en 1966, Factofrance, connu pour sa capacité d’innovation et longtemps leader sur le marché, est l’un des pionniers de l’affacturage en France. L’offre de Crédit Mutuel Factoring, complémentaire, propose des solutions d’affacturage aux clients du groupe Crédit Mutuel Alliance Fédérale (le Crédit industriel et commercial (CIC), la Banque européenne du Crédit Mutuel (BECM), et les Fédérations du Crédit Mutuel). 
Ensemble, Factofrance et Crédit Mutuel Factoring représentent 106 milliards d’euros de créances achetées en 2024 et réunissent près de 900 collaborateurs. Pour la première fois cette année, nous dépassons un encours financé moyen de 10 milliards d’euros. Chaque jour, nos équipes injectent pratiquement 300 millions d’euros de financement dans l’économie française et européenne. L’affacturage est la première source d’apport de trésorerie aux entreprises, à égalité avec le découvert. 
Nos clients sont des grands groupes français, européens et mondiaux, des ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) des PME et enfin des TPE à qui nous proposons des solutions très digitales. Nous achetons uniquement des créances en B2B (uniquement des acheteurs professionnels), et ce dans tous les secteurs d’activité. Pour les grands groupes et les ETI, nous travaillons les programmes d’affacturage structurés en leur apportant du cash par le rachat de leurs créances, sans créer d’endettement, que ce soit en normes comptables françaises, internationales (IFRS) ou américaines (US GAAP). Nous sommes donc un intervenant majeur du financement à court terme des entreprises françaises et européennes.

Quels sont les principaux enjeux auxquels vous faites face dans le financement des entreprises ?

Notre principal enjeu est structurel : développer nos parts de marché sur tous les segments et répondre présents pour aider les entreprises dans les moments clés de leur vie. Il y a deux périodes durant lesquelles l’affacturage est absolument fondamental. Les périodes de croissance lorsque les entreprises voient leurs Besoins en Fonds de Roulement augmenter. Les périodes de crise durant lesquelles nous continuons à financer les clients même lorsqu’ils sont en difficulté. Nous sécurisons ainsi le financement d’exploitation des entreprises en leur évitant de faire un effort de trésorerie : nous leur permettons d’être réglées immédiatement, sans attendre les 60 jours, ou plus, de délai de règlement accordé à leurs clients. 
Le second enjeu est de répondre aux besoins des entreprises, quelles que soient leurs tailles. Nous accompagnons les entreprises de taille intermédiaires (ETI) et les grands comptes dans leur développement international, en finançant leurs postes clients France et Export, mais aussi en mettant en place des programmes avec leurs filiales à l’étranger. Ces programmes permettent aux directions financières d’avoir une gestion centralisée du financement. Enfin, pour les entreprises de petite taille, nous simplifions nos offres grâce à la digitalisation, afin que ce soit plus facile pour elles d’y adhérer.

Les besoins des entreprises et le secteur bancaire évoluent très rapidement. Quelles sont les innovations que vous apportez pour répondre à ces nouvelles attentes ?

Le virage à prendre par les factors aujourd’hui est lié à l’obligation pour les entreprises de mettre en place la facture électronique. La réforme gouvernementale de la facture électronique entre en vigueur en septembre 2026 pour les grandes entreprises et les ETI et en septembre 2027 pour le reste des entreprises. Nous sommes relativement proches de l’échéance. Le dispositif pourrait être harmonisé au niveau européen d’ici 2030, avec un projet de réglementation européenne.
Dans ce contexte, comment adapter progressivement nos processus afin de simplifier encore les échanges avec nos clients ? Des plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) auront la charge vis-à-vis de l’État de recevoir les factures et d’en faire des originaux fiscaux. Notre premier enjeu est d’entrer en interopérabilité avec les PDP et ainsi d’alléger la charge administrative de nos clients (moins de justificatifs leur seront demandés). Le second enjeu est de s’adapter aux évolutions qui sont permises par la réglementation DSP2 (authentification forte) sur les modes de paiement, de façon, là encore, toujours à fluidifier, simplifier les opérations pour tous nos clients, qu’ils soient petits ou grands. 
Avec la facture électronique, la digitalisation et la simplification permettront de franchir un nouveau cap pour sécuriser l’économie française.

Factofrance et Crédit Mutuel Factoring resteront présents au cœur de l’économie réelle pour accompagner le développement des entreprises implantées en France et à l’International.