Le chèque est-il vraiment incontournable ?
La France est championne d’Europe de l’utilisation du chèque : environ les deux tiers des chèques européens sont français. Même si notre utilisation du chèque a baissé de moitié depuis 1996 pour atteindre aujourd’hui 2,5 milliards de chèques, l’exception française persiste.
Pour comprendre cette situation, il faut avoir en tête le business model du chèque. En premier, il existe une culture du chèque en France : il représentait 70 % des paiements scripturaux dans les années 1980. En second, les banques françaises défendent depuis longtemps une politique du « ni-ni » : ni facturation du chèque, ni rémunération des dépôts à vue. Enfin, l’aversion au changement ou aux frais conduit certains acteurs économiques à ne pas mettre en place de solution alternative.
Or il existe des solutions alternatives. Une plus large acceptation de la carte bancaire est actuellement encouragée par le Comité National des Paiements Scripturaux. Avec le virement de proximité, matérialisé par l’offre SEPAmail Rubis, le payeur garde la main sur l’émission du paiement. Les paiements récurrents peuvent se faire par prélèvement. L’Instant Payment bénéficiera d’un plafond élevé et sera sécurisé. Ces solutions, existantes ou à venir, sont dématérialisées et peu voire pas coûteuses.
Le chèque représente aussi des inconvénients : son coût de traitement tant pour les entreprises que pour les banques, l’incertitude qu’il crée sur la gestion de la trésorerie pour les entreprises et les fraudes fréquentes auxquelles il est soumis.
Finalement, non, le chèque n’est pas incontournable. Il faut, en revanche, accompagner le changement pour montrer l’avantage des autres moyens de paiement, par leur ROI ou par la sécurité qu’ils proposent. D’ailleurs, le parlement a validé puis rejeté une mesure visant à réduire la validité d’un chèque d’un an à six mois pour en réduire l’usage. Les pouvoirs publics s’emparent donc du sujet, mais une majorité tarde à se constituer.