Précurseur de l’automatisation de la banque, le DAB a-t-il encore de belles décennies devant lui ?

Précurseur de l’automatisation de la banque, le DAB a-t-il encore de belles décennies devant lui ?

  

Quelles sont les menaces et les opportunités pour les DAB ? Le Distributeur Automatique de Billets dans sa version simplifiée du GAB, déployé en France il y a déjà 50 ans, répond toujours à la demande de gestion d’espèces. En effet, en France, même si on note depuis 2014 un léger fléchissement des retraits par carte, en 2016, ils représentent une part importante des opérations : 1 491 millions pour un montant de 129 milliards d’euros, soit près de 26 % du volume financier total carte. Les espèces sont ainsi toujours prisées et comptent pour un peu plus de 50 % des transactions en nombre, et pour 15 % en valeur. La France n’est pas un cas isolé, d’autres pays comme l’Italie (89 % des transactions) ou l’Allemagne (75 %) voient toujours dans les espèces un marché bien ancré.

Ce ne sont pas les robots ni le mobile qui sont une menace pour le DAB. Aujourd’hui, le DAB est encore plus efficace que les robots humanoïdes Watson ou Aida : il répond en quelques secondes aux demandes du client, avec la délivrance du produit ou du service. Le mobile, quant à lui, demeure un canal complémentaire au DAB. Les plus grandes menaces pour les DAB sont l’amplification et la sophistication des attaques physiques, logicielles et vols de carte ou mobile. Car ces automates restent une cible privilégiée pour les réseaux de fraudeurs organisés, qui élaborent des stratagèmes de piratage de données. Toutefois, en France, les fraudes sur DAB sont contenues et limitées et ont même diminué en 2016 grâce à la gestion du risque menée par les banques. Le taux constaté s’élève à 0,029 %, loin derrière le taux de fraude sur les paiements à distance mesuré à 0,199 %. En effet, la fraude sur les DAB couvre seulement 4 % de la fraude en volume sur les moyens de paiement scripturaux en 2016 et 6 % en montant (source rapport annuel de l’observatoire de la sécurité des moyens de paiement).

Les opportunités pour le canal DAB sont bien réelles. Il a su se diversifier en intégrant des services innovants et des parades contre la fraude, et contribue toujours à l’automatisation et la digitalisation de la banque. Il s’appuie sur de nouveaux moyens d’authentification, comme le mobile ou la reconnaissance faciale, la carte n’étant plus le seul moyen pour accéder aux services du DAB. Dans l’ère de la réduction des plages d’ouverture et de fermeture des agences, il est devenu multifonction, permettant de retirer des espèces avec ou sans carte, déposer des espèces, opérer des retraits DCC, consulter ses comptes, recharger son téléphone mobile, éditer un RIB, effectuer un virement, visualiser des informations ou alertes sur son compte, commander un chéquier, activer une carte. En effet, la tendance étant de pousser le client à être autonome, effectuant tout seul ses opérations, le DAB/GAB trouve toute son utilité, comme un prolongement pour gérer les opérations bancaires, lorsque les agences sont fermées. Complémentaire du mobile et de la banque en ligne, polyvalent, il restera un canal privilégié pour la clientèle des banques dans les années à venir.

 

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Directeur d’activités Expertise GRF / Moyens de paiement en Europe