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Tenue de compte et Entreprises : le duel entre néobanques et banques traditionnelles
Les entreprises en quête de rationaliser leurs traitements et diminuer les coûts bancaires, pourraient bientôt se tourner vers les néobanques, qui proposent des offres digitalisées sans frais de tenue de compte ou très réduits. En effet, les banques traditionnelles, pour couvrir les frais de traitements et de tenue de compte de sa clientèle entreprise, appliquent des commissions et des frais bancaires. Ces frais se découpent principalement en trois catégories : les frais de tenue de gestion de compte, la commission de mouvement et la commission d’intervention. Les établissements bancaires réalisent leurs bénéfices notamment avec la facturation de la commission de mouvement. Elle se calcule à partir d’un arrêté mensuel ou trimestriel et d’un taux de l’ordre de 0,06 %, voire dépassant 0,20 %, sur la valeur des mouvements débiteurs réalisés sur le compte de dépôt professionnel, assorti d’un minimum mensuel ou trimestriel. Les opérations type virement interne, remboursements d’emprunt ne sont pas prises en compte dans ce calcul. À la commission de mouvement s’ajoutent les frais fixes et récurrents de tenue de compte, et la commission d’intervention facturée unitairement, par exemple à chaque forçage du compte lors d’un rejet de chèque ou de prélèvement.
C’est pourquoi de nombreuses néobanques comme Qonto, Shine, N26, Revolut, Monabanq, Anytime, pour capter la clientèle professionnelle, exonèrent leurs clients des frais de tenue de compte et de la commission de mouvement. Elles proposent un forfait mensuel à un coût réduit de type offre groupée de services, couvrant l’ouverture du compte pro en ligne, des cartes bancaire, virtuelle et éphémère, une application mobile intuitive assurant une gestion autonome du compte pro, l’accès aux services en ligne de la banque, les paiements par carte bancaire et les virements émis et reçus en zone euro, le suivi des transactions en temps réel. L’accès à ce compte pro gratuit est soumis cependant à un minimum et un maximum d’utilisations du compte, les transactions en devises sont souvent payantes ainsi que le dépôt de capital. Leurs offres s’adressent majoritairement à la cible professionnelle et TPE, et restent aujourd’hui limitées pour la cible Grandes et Moyennes Entreprises. En général, leur solution ne prévoit pas une autorisation de découvert ni de service de cash pooling.
Le duel entre néobanques et banques traditionnelles ne fait que commencer. Les banques traditionnelles telles que Banque Postale, BPCE, Société Générale, BNPP et d’autres,sont conscientes que leurs frais peuvent vite devenir un frein pour leur clientèle et proposent, en alternative, des offres de services groupés incluant les commissions bancaires avec des limites, notamment avec négociation du taux appliqué pour le calcul de la commission de mouvement. À ces offres, les banques traditionnelles ont également des solutions de banques digitales capables de rivaliser avec les néobanques telles que Prismea, Boursorama ou Hello Bank Pro qui n’appliquent pas de frais pour les opérations à l’international et proposent l’agrégation des comptes bancaires pour certaines. Les banques traditionnelles ont un avantage certain ; elles ont su fidéliser leur clientèle en proposant un panel de services adaptés et performants qui va de la gestion des flux de paiements, en passant par le cash management jusqu’aux services financiers et assurantiels. Certes, les néobanques sont encore fragiles pour capter le marché des Grandes et Moyennes Entreprises. Toutefois, les banques traditionnelles auraient tort de les sous-estimer, et doivent plus que jamais innover en poursuivant l’enrichissement de leurs offres, notamment sur les crédits et facilité de caisse, emprunts, cash pooling, fusion d’échelles, comptes en devise et multidevise, IBAN et cartes virtuelles et comptes spécifiques tels que séquestre, nantissement, affacturage et cantonnement. La digitalisation et la sécurisation de leurs services, en particulier le parcours clients, et la fluidité de l’entrée en relation sont également des axes différentiant qu’il faut continuer à améliorer.
La course est lancée. Les frais bancaires ne seront pas le seul axe du duel, les banques traditionnelles ont des atouts, mais doivent continuellement écouter les attentes de leurs clientèles et chercher comme cherchent ceux qui doivent trouver.