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En France, la carte et le paiement mobile continuent de performer… avant l’avènement du compte-à-compte ?
N’en déplaise à ceux qui prédisent régulièrement leur déclin, voire leur disparition, nos bouts de plastique ou à base d’autres matériaux cartonnent toujours autant, comme en témoignent les chiffres de l’année 2023 dévoilés par l’OSMP, jugez-en :
- 107 millions de cartes émises dans l’hexagone, + 6,1%
- 19,7 milliards d’opérations de paiement, + 7,8 % (soit 63% du volume annuel de transactions par paiement scriptural) réparties entre :
- Paiements sur TPE ou automates = 15,9 milliards, + 7%
- dont 10,8 milliards par carte sans contact ou mobile, + 18,5%
- dont 1,6 milliard sur smartphone, + 90,4%
- Paiements sur internet/VàD = 3,8 milliards, + 12,2%
- Paiements sur TPE ou automates = 15,9 milliards, + 7%
- 1,1 milliard de retraits, en baisse de près de 1%
Sans surprise, le sans contact poursuit sa progression et représente plus des 2/3 (68%) des transactions de proximité tandis que le paiement mobile (presque X2) devient désormais mainstream. Et de surcroît, la carte demeure indéniablement N°1 en Vente à Distance, loin devant les autres modes de paiement électroniques.
De façon évidente, le succès des xPay et autres wallets n’a pas impacté celui de la carte mais contribue amplement à sa bonne santé puisqu’elle en constitue le sous-jacent principal.
Bien entendu, d’aucuns lui reprocheront un niveau de fraude élevé (496 millions €, + 6,9% vs 2022 mais assez stable en valeur relative) et à la différence des partisans de la monétique, les commerçants peuvent régulièrement tiquer sur son coût élevé.
A date en tout cas, les utilisateurs/consommateurs n’ont cure de ces défauts et privilégient ce mode de paiement qui ne manquent pas d’atouts (praticité, sécurité, universalité, avantages associés tels que assurances, assistance, cashback…), soit en l’utilisant directement, soit en l’encapsulant dans leurs smartphones. Ce qui fait – soit-dit en passant – grincer les dents des émetteurs quand ils doivent rémunérer Apple Pay pour chaque transaction de paiement réalisée sur iPhone. Mais heureusement, cette situation devrait s’adoucir dès lors qu’Apple a dû céder face aux instances de réglementation.
Il importera de suivre combien d’émetteurs et de banques saisiront cette opportunité en créant leur propre solution et en s’affranchissant du « diktat » de la firme à la pomme.
En attendant, certaines parties prenantes espèrent également que des modes de paiement plus économiques (ex : Account to Account / A2A) puissent servir de base à l’avènement de nouvelles offres en Europe, imitant en cela une réalité bien ancrée dans plusieurs dizaines de pays, Inde (UPI) et Brésil (Pix) en tête.
Sur le vieux continent, des initiatives nationales de type compte-à-compte ont déjà fait montre de leur performance, à l’instar de Bizum, Swish, Blik, Mobilepay/Vipps, Twint, iDeal…, avec des volumes significatifs en CtoC mais également en CtoB pour quelques-uns de ces protagonistes.
Mis sur orbite en 2024, Wero by EPI va indéniablement contribuer à booster le recours au SCT Inst au travers de ses déclinaisons successives (PtoP, paiement e/m-commerce, PtoPro, paiement magasin), en couvrant d’emblée 5 pays (France, Allemagne, Pays-Bas, Luxembourg, Belgique).
De là à ce que toutes ces offres conjuguées supplantent nos habitudes historiques autour de la carte ?
En partie probablement, au gré évidemment de plusieurs facteurs :
- vitesse d’adoption de la part des consommateurs
- intérêts légitimes des commerçants, supporters de solutions alternatives plus compétitives
- nécessaire ajout d’une batterie de services additionnels/complémentaires afin d’enchanter les usagers et de répondre aux cas d’usage en vogue dans le commerce à l’aune de l’omnicanalité
- impacts des parades des concurrents (ex : PayPal, Clicktopay…)
Quoiqu’il en soit, force est de constater que l’instant payment a le vent en poupe et que sa dynamique est alimentée par pléthore de volontés, mesures et actions.
A ce titre, évoquons notamment :
- le lancement de FedNow aux Etats-Unis en 2023
- l’annonce en septembre 2024 du géant de la distribution Walmart qui s’allie avec le plus gros PSP mondial Fiserv dans la mise au point d’un service de paiement A2A
- les projections d’analystes dont celles de Juniper Research qui prédit rien de moins qu’un triplement des volumes A2A entre 2024 et 2029
- les investissements continus des schemes internationaux dans le « pay by bank »
- les promesses de l’open banking et de l’initiation de virement…
En Europe, les 5 à 10 prochaines années pourraient ainsi être déterminantes et façonner un nouveau paysage des paiements, dans lequel idéalement se distinguera une majorité de projets, solutions et PSP indigènes.
Dans cette trajectoire, il ne faudra pas oublier de veiller à maintenir un business model fiable et résilient, au risque pour les acteurs concernés, de scier la branche sur laquelle ils sont assis depuis des décennies, sans assurance de contrepartie.